P'TITE SOUILLURE
Koffi Kwahulé | CRÉATION 2013
Mise en scène | Camille Faye
Avec | Arthur Guillaume, Virginie Janelas, Antoine Théry et Noëllie Thibault
Création lumière | Benjamin Martineau
Création sonore et scénographie | Camille Faye
Régie son | Clémentine Gaud
Réalisation des décors | F.F.F.
P'tite Souillure a reçu le PRIX DU PUBLIC de la Sorbonne Nouvelle
Festival A CONTRE SENS 2014 (ATEP 3)
Sélectionné au FESTIVAL PERIL JEUNE 2014
Sélectionnée au FESTIVAL NANTERRE SUR SEINE 2014
Une nuit, une maison bourgeoise. Le père, la mère, la fille. Une fête se prépare. De celles où l'on refait l'année autour d'un verre de Condrieu. Tout est parfaitement à sa place, comme chaque année.
Mais un garçon fait irruption dans la fête descendu de la foudre, venu foutre le feu à cette maison. Il rit . Il est poli, intelligent, drôle. Donc, suspect.
La fille le présente à ses parents, c'est « son Ikédia » . Il vient la libérer du carcan familial.
Mais à quel prix ?
Peut-on vraiment se détacher de ceux qu'on quitte ? De ceux qui nous ont quittés ?
NOTE D'INTENTION
Elles [La pièce, La Fille] ne parlent pas d’inceste, elles ne parlent pas de la difficulté à communiquer avec ceux qui nous sont pourtant le plus proche, elles ne parlent pas du meurtre, elles ne parlent pas de la violence, elles ne parlent pas d’une mère qui veut avaler son enfant.
Elles parlent de la vie. De la vie qui continue malgré tout. D'une vie qui commence.
Ce n’est pas une pièce sur le malheur d’une enfant, P’tite Souillure est une pièce sur le bonheur d’après. D’après l’orage, d’après l’incendie, d’après le départ.
Il a fallu appréhender le texte de Koffi Kwahulé comme un matériau qui se révèle, se révélera toujours. A nous. Au fur et à mesure. Toujours. En découvrir ainsi les multiples profondeurs, toujours. Ne pas oublier l’histoire de cette famille, jamais. Sans se noyer dans une psychologie, nous gardons nos questionnements pour le moment présent, les moments de jeu, les moments de vie.
Pour que cette histoire se révèle à vous, en même temps qu’elle se révèle à nous. Un moment de vie fera toujours jaillir quelque chose derrière l’action, derrière le mot. Derrière ce que l’on voit se situe toujours ce que l’on devine, le spectre de la réalité, le reflet de la nature. Ce que l’on imagine ou ce que l’on aimerait voir. C’est là que naît la sensation, le sentiment, le désir aussi.
Nous avons donc cherché à faire exister ces deux entités : la réalité, le fait ; et le rêve, le fantasme. C’est entre ces deux tableaux que la pièce nous parvient.
Ainsi, la réalité rattrape la famille par le biais d'Ikédia. Son entrée dans la maison, dans leur vie, les ramène à une réalité longtemps refoulée : un « accident », un « hasard » survenu il y a sept ans.
C'est en partant de cette idée que s'est dessiné le traitement d'une notion aussi difficile que l’inceste : en allant chercher le geste ailleurs, dans les corps, la musique, la danse, le chant ; en allant chercher le lien entre le réel et l’imaginaire. Car comment mettre des mots derrière ce que ressent La Fille quand son père « l’excite de sa mélodie » ? La relation incestueuse née entre elle et lui, c’est peut-être justement ça : une mélodie, une chanson d’amour, d’amour mal placé mais d’amour, toujours. Ainsi, le point névralgique de cette relation d’attraction ou de répulsion réside dans le corps. Le sien et le mien.
Et il faut parfois qu’une tierce personne s’interpose entre deux corps pour les libérer d’une attraction néfaste...
Camille Faye