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YVONNE , PRINCESSE DE BOURGOGNE

Witold GOMBROWICZ | CRÉATION 2014

 

Mise en scène | Camille Faye

 

Avec | Louise Bataillon, Jordan Besnainou, Arthur Guillaume, Nicolas Hardy, Arnaud Pontois Blachère ,Antoine Théry et Noëllie Thibault  

 

Prix de la meilleure mise en scène | Prix d'interprétation (Arnaud Pontois Blachère dans le rôle du Chambellan) au Festival d'Hiver de HEC PARIS

 

Création lumière | Benjamin Martineau, assisté de Clémentine Gaud

Création sonore et scénographie | Camille Faye

Régie plateau | Clémentine Gaud

Maquillages | Constance Haond

 

 

 

« [...] Le prince Philippe, héritier du trône, rencontre à la promenade cette fille sans charme... sans attrait : Yvonne est empotée, apathique, anémique, timide, peureuse et ennuyeuse. Dès le premier instant, le prince ne peut la souffrir, elle l’énerve trop ; mais en même temps il ne peut pas supporter de se voir contraint à détester la malheureuse Yvonne. Et une révolte éclate en lui contre les lois de la nature qui commandent aux jeunes gens de n’aimer que les jeunes filles séduisantes. “ Je ne m’y soumettrai pas, je l’aimerai ! ”. Il lance un défi à la loi de la nature et prend Yvonne pour sa fiancée. Introduite à la cour royale comme fiancée du prince, Yvonne y devient un facteur de décomposition. La présence muette, apeurée, de ses multiples carences, révèle à chacun ses propres vices, ses propres saletés... La cour n’est pas longue à se transformer en une couveuse de monstres. Et chacun de ces monstres rêve d’assassiner l’insupportable Yvonne. La cour mobilise enfin ses pompes et ses œuvres, sa supériorité et ses splendeurs, et, de toute sa hauteur, la tue. [...] »

WITOLD GOMBROWICZ

Extrait de Testament, Entretiens avec Dominique de Roux,

Folio, Gallimard, 1996

 

NOTE D'INTENTIONy

Yvonne, princesse de bourgogne a quelque chose de l’ordre du spectaculaire.

 

De par un texte fort, dans un premier temps. La langue de Witold Gombrowicz dans la traduction que nous propose Yves Beaunesne a quelque chose d’extrêmement contemporain, tout en nous rappelant par son rythme, ses images, des grands textes classiques. Peut-être est-ce par ces grandes entités que sont les personnages des reines, des rois, des princes au théâtre. Le texte d’Yvonne se lit comme une partition, il y a une musicalité forte, dans les répétitions, dans cette difficulté qu’ont parfois les personnages à clarifier leurs idées, pour finalement les annoncer sans artifice, brutalement, dans un dernier souffle.

Il y a ensuite quelque chose de l’ordre du spectaculaire dans l’esthétique proposée par cette pièce. Dans l’entremêlement du classique avec le contemporain, dans ce royaume qui nous rappelle inévitablement des sphères politiques ou sociales terriblement contemporaines. Et c’est précisément dans ces anachronismes qui sont, à mon sens, des propositions de jeu et de mise en scène très fortes, que la pièce de Gombrowicz nous donne à jouer avec une liberté sans limite. Une liberté sans limite dans l’esthétique du plateau : le décors qui l’occupe, la couleur de ce royaume au travers des lumières, des costumes ; une liberté sans limite aussi dans le franchissement même de ce dît plateau qui doit être pour nous un espace totalement ouvert, que les comédiens peuvent quitter et retrouver et donner ainsi la possibilité aux spectateurs de faire partie des enjeux de la pièce. C’est d’ailleurs pour aller encore plus loin dans cette idée que le rôle d’Isa, une dame de Cour, est entrepris, presque malgré elle, par une spectatrice.

 

 

Ainsi, ce sont toutes ces réflexions autour de la liberté, de l’image, de l’esthétique, qui m’ont poussée à aller encore plus loin dans la prise en charge du texte d’Yvonne, princesse de Bourgogne. J’ai senti qu’il fallait que l'on se l'approprie en profondeur, en ayant déjà en tête la distribution, pour que cette histoire devienne entièrement notre. 

Une vision d’avantage de l’ordre de la création d’un « spectacle » commence à s’imposer à moi : l’envie de créer des images entières, des codes qui sont les nôtres, une esthétique précise et cohérente.  Finalement, les notions de « message », de « raconter », de « transmission » prennent tous leurs sens dans cette nouvelle création : nous créons un spectacle, nous ne montons pas une pièce. La nuance n’existe peut-être qu’à mes yeux, mais elle n’en reste pas moins forte.

 

Camille Faye

 

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